Triathlon, Transition : Pourquoi ?

Transition : pourquoi?

Le règlement oblige la transition en déterminant l’ordre des disciplines, le respect vestimentaire et les types de matériels utilisés.

De plus, le changement d’habilité motrice dans un milieu environnemental provoque diverses perturbations biomécaniques, musculaires, physiologiques, proprioceptives et cette phase permet de les préparer et de les maîtriser

Sur une épreuve de courte distance de deux heures, les transitions durent deux à cinq minutes selon la configuration du parc à vélos soit 1,7 à 4,6 % du temps de course.

L’enchaînement Natation / Cyclisme est la première phase de transition avec une organisation spatio-temporelle perturbée par l’équilibration pour passer de la position horizontale de nageur à la verticale du terrien avec un changement de repères sensoriels.

En effet, après un état d’apesanteur durant la natation, il faut :

  • retrouver des réflexes plantaires supprimés, avec une vasoconstriction périphérique occasionnée souvent majorée par la température de l’eau,
  • régler l’équilibre vertical à partir des sensations labyrinthiques,
  • rétablir les repères visuels par le regard horizontal.

Le retrait des lunettes de nage, le plus souvent rapide et violent provoque une difficulté d’accommodation passagère par un effet ventouse après compression du globe oculaire.

L’orthostatisme généré peut entraîner une sensation de vertige, accentué par la nature des sols, notamment une sortie de l’eau sur plage de galets.

Cette rééquilibration donne parfois des images de triathlètes titubants faussement interprétées comme un état de fatigue.

Sur le plan musculaire, les habilités motrices passent d’une dominante bras à une propulsion jambes.

Bien qu’une raideur musculaire puisse être ressentie avec la température de l’eau, rejoindre le parc à vélos suffit à l’activation musculaire.

Pour éviter un engagement physiologique: Ne pas “mettre des jambes” en fin de natation, car le temps de nage a permis un échauffement des muscles du train inférieur par la participation à l’équilibre de la nage voire à la propulsion, et l’élévation de la température corporelle par l’effort concerne tout le corps. Le port de la combinaison en néoprène très ajustée comprime la cage thoracique, limite l’amplitude ventilatoire et une intensité d’effort sur les jambes déclencherait une hypercapnie cellulaire.

Courir vers l’emplacement du vélo avec une intensité ne déclenchant pas l’essoufflement, profitant de défaire et retirer la combinaison comme élément régulateur.

Les changements vestimentaires spécifiques au cyclisme imposent une automatisation des gestes dans un ordre prédéterminé.

Suivant le niveau d’expertise, les chaussures seront fixées sur les pédales avec pour astuce des élastiques fins sur le cadre pour ne pas les perdre dans le parc.

La technique de savoir monter et descendre d’un vélo chaussures laissées sur les pédales est alors capitale.

La sortie du parc, vélo à la main, s’effectue à vitesse de course sans dérive ventilatoire.

Les premiers hectomètres privilégient la fréquence de pédalage favorisant la vascularisation musculaire.

L’enchaînement Cyclisme / Course à pied est la deuxième phase de transition et la plus délicate avec un changement d’habilités motrices et la fatigue neuromusculaire associée.

En fin de parcours cycliste, la transition se prépare avec une fréquence de pédalage favorisant l’oxygénation musculaire, diminuant l’engagement musculaire et libérant les chaînes dorsales.

Un manque de relâchement des muscles lombaires maintient le bassin en antéversion et avec la fatigue des membres inférieurs le triathlète a l’impression de “courir assis”.

De plus, une sensation de “ne pas avancer ”vient s’ajouter.

En effet, le passage du cyclisme à la course à pied provoque une perturbation proprioceptive notamment sur la vitesse de déplacement.

Les repères visuels proviennent de la vitesse de défilement du paysage avec le regard fixe sur la trajectoire.

Les repères auditifs proviennent du bruit par le déplacement des masses d’air.

Le système de rééquilibration n’est pas encore ajusté lors du départ en course à pied. Pour gérer au mieux cet ajustement, la concentration doit s’effectuer sur la qualité du geste et l’alignement du corps par rapport aux points d’appui.

Cette étape est délicate car l’euphorie du moment avec les encouragements du public, du speaker, de la musique ambiante, les départs sont très et trop rapides.

Une course supérieure au seuil anaérobie par une force à l’appui au détriment de la technique va faire ralentir le triathlète jusqu’à l’obtention de la gestuelle qu’il sait gérer. Cette phase doit permettre de retrouver rapidement la gestuelle compatible avec une vitesse de déplacement cible pour un coût énergétique le plus bas.

Le triathlon c’est soutenir un effort dans la durée et la transition participe à abaisser la dépense énergétique.

Ainsi “Bien enchaîner” c’est produire un geste juste dans un contexte réglementé, un environnement variable et stimulant en induisant des modifications dans la prise d’informations et garantissant dans le temps une stabilité organique.

Les enchaînements garantissent un niveau de performance optimal mais sur une épreuve de haut niveau, si la victoire ne se gagne pas forcément dans les changements, elle peut s’y perdre!

P.DREANO

Transition cyclisme course à pied (triathlon courte distance)

O. Coste, G.-P. Millet Sp Med Sport n°10, 1997, p. 24

Le triathlon représente plus qu’une succession de 3 épreuves sportives (Natation, cyclisme, course à pied). Les auteurs proposent de la définir comme la succession de trois disciplines et de deux enchainements.

La transition cyclisme / course à pied a fait l’objet de plusieurs études, ce qui n’est pas le cas de la transition natation / cyclisme. Elle nécessite des adaptations biomécaniques, physiologiques, sensorielles spécifiques. À cela s’ajoutent évidemment des particularités individuelles.

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